mardi 30 novembre 2010

L'angoisse de la tâche blanche, ou : Rorschach 10 - Grotom 25

Vous avez tous joué à regarder les nuages en tentant d'y reconnaître ou d'y imaginer des formes particulières. Enfin je dis dans les nuages parce que c'est le cliché poético-enfantin-cucul qui veut ça, mais comme maintenant vous êtes des grandes personnes qui n'ont pas de temps à perdre à flâner dehors et en plus on va pas s'allonger dans l'herbe la chlorophylle ça part mal au lavage, c'est peut-être plutôt dans le motif du carrelage des chiottes. Mais l'esprit reste le même. Parfois on repère une forme qui semble évidente, une fois identifiée, mais il suffit de détourner le regard un instant pour ne plus arriver à la retrouver.

Bref, deuxième cours d'Illustration et Narration : faisons travailler un peu notre imagination.

Le principe de l'exercice est de commencer par faire des tâches au hasard dans des cadres, en essayant de faire varier la forme des tâches et leur position dans le cadre. Ensuite, contempler longuement le produit de cette première étape, retourner la feuille dans tous les sens, observer avec inquiétude où en sont nos petits camarades, plisser les yeux pendant cinq minutes dans l'espoir de voir apparaître un monstre, une voiture ou un parapluie: c'est prêt. Il ne reste plus qu'à ajouter quelques éléments figuratifs pour faire apparaître à l'œil du spectateur pressé le petit chef d'oeuvre qu'on a su déceler dans l'aléa du coup de pinceau. Et espérer que Rorschach ne va pas passer par là et essayer de déterminer si nous sommes schizophrène ou simplement dément.

Je vous mets les 25, j'ai la flemme de trier. Et comme ça je taule Rorschach, qui non seulement n'en a fait que 10, mais en plus a laissé paresseusement le soin à ses patients d'interpréter leur contenu. Tsss.















J'ai beaucoup aimé cet exercice, même s'il a un côté frustrant: en ajoutant des éléments figuratifs, on vient parfois surexpliciter quelque chose qui était déjà présent dans la tâche, mais qui n'apparaît plus vraiment, masqué par le dessin qu'on y a ajouté. C'est surtout le cas dans les deux exemples suivants: avant de jeter vite fait quelques traits sur ces tâches, j'y voyais nettement un éléphant et une tête sur un oreiller, ça doit même être les deux premières tâches que j'ai complétées. Maintenant, bof.


Deuxième exercice, petite variante: on fait des tâches un peu moins aléatoires, et on y ajoute une légende pour expliciter ce qu'on y a perçu.







On reconnaîtra dans le suivant l'influence de Magali :


Bon alors là c'est carrément plus très aléatoire, j'avoue :


mardi 23 novembre 2010

Un point c'est tout

Outre l'atelier de dessin dont j'ai déjà parlé, j'assiste aussi depuis octobre au cours d'illustration et narration de la mairie de Paris.

On a commencé par des exercices un peu abstraits, comme par exemple construire une séquence en 3 cases en utilisant seulement des points. Pas de textes. Pas de traits. Rien d'autres que des points.

En gros, on identifie assez vite quelques grandes trames narratives :

  • partir de points disséminés pour faire apparaître une structure (quelle qu'elle soit), 
    • soit en déplaçant les points, 
    • soit en faisant apparaître une structure déjà présente dans la première case, en ajoutant des points pour la rendre plus lisible, ou en dézoomant. 
  • On peut aussi déplacer les points pour passer d'une structure à une autre.
Cela a donné de grandes fresques tragiques telles que "ya des points et puis après ça fait une ligne" ou "qu'est-ce que c'est que ces deux points paumés, ah ben tiens en dézoomant en fait ça forme un double 6, s'il fait encore deux doubles il ira en prison". 

Ou sinon on peut faire des batailles:
Un exercice pour toi, lecteur : sauras-tu imaginer quelque chose de plus intéressant ? Et encore dans celui-ci, j'ai triché, ce sont plutôt des petites tâches et des cercles vides (pour faire les morts, ach la guerre gross malheur), et pas vraiment des points. On remarquera au passage comme l'absurdité de la guerre est bien rendue par la similitude parfaite entre les soldats des deux camps. 

Après, on avait le droit d'ajouter quelques lignes. J'ai hésité un temps à utiliser cette possibilité pour faire un château fort ou des rayons lasers (l'idéal étant de combiner les deux), mais je me suis bêtement ravisé.


Voilà, ça c'était le produit du premier cours. Tremblez Hergé, Moebius, Jacques Faizant, j'arrive !